Comme les Boursiers, équipez-vous dans les Magasins Expé pour vos petites et grandes expéditions de sports de montagne…
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PAR CORRESPONDANCE
ET SUR INTERNET
CHILI - 8 janvier - 3 février 2010
But de notre expédition
Ouvrir des canyons qui seront exploitables pour les prestataires d’activités aquatiques Chiliens. La région choisie est celle des lacs de la région de l’Araucanie, secteur de Puerto Varas (à côté de Puerto Montt sur la carte), situé au nord de la Patagonie.
Genèse du projet
JANVIER 2010 : Aujourd’hui, journée maussade pluie et humidité… Je me prends à rêver de voyages et de destination sauvages et dépaysantes. Je voudrais aller faire de l’alpinisme au Népal ou de la cascade de glace en Alaska !!! En feuilletant un magazine de montagne je tombe sur une publicité des magasins de matériels de montagne Expé qui sponsorise des expéditions à caractère sportif d’amateurs ; les Bourses Expé. Pourquoi pas moi ?
Après réflexions, je choisis une destination originale et un sport d’aventure : le canyoning au Chili. Reste plus qu’à persuader quelques copains de m’accompagner. Denis et Bruno font l’affaire. Avec ces maigres informations, voici le dossier d’inscription rempli et envoyé… Après tout, c’est comme un jeu concours. Retenu ? Notre dossier retenu ? Parmi des dizaines de projets d’aventuriers de tous poils ? On n’en revient pas… en même temps, on n’est pas encore partis.
Janvier 2011, cela nous laisse le temps de tout peaufiner. Le Chili, tout de même, c’est presque l’Eldorado.
8 mois : c’est le temps qu’il nous reste pour affiner notre espagnol (je sais déjà dire bonjour et commander une bière), devenir reporter photo (j’ai été bombardé photographe de l’expé) ainsi que le « plumitif » chargé de relater notre périple, et enfin trouver des cartes topo. Pour cela, il nous faudra attendre d’être sur place, les cartes trouvées en France ne sont que des cartes à l’échelle de pays… et en plus, un pays de 4 300 km de long pour 200 de large (même pas et au max), offre des cartes super-faciles à utiliser… et surtout à replier.
Ne perdons pas de vue que notre but est de découvrir et de rendre utilisables des canyons pour promouvoir cette activité dans une région par ailleurs touristique, où la pratique des rivières est courante, rafts, kayaks… Pour l’instant la cascade la plus haute des deux canyons recensés fait 85 m, « El puma », peut-être un jour « la cascada de los Francès » ???
Ne rêvons pas trop, pour l’instant, les piqûres de moustiques (et nous le découvriront plus tard, les redoutés « tabagnosses », les taons locaux) et d’adrénaline cèdent le pas aux piqûres de rappels de vaccins, rage, hépatites, etc., sans omettre les formalités administratives (passeport), et du travail de documentation.
On n’est pas encore devant les bureaux d’enregistrement de la compagnie aérienne que naissent les soucis logistiques. Rien qu’un kit bag spéléo avec le matos individuel, c’est plus que la moitié du poids total… et je n’ai pas encore comptabilisé les kilos de ferraille des plaquettes, goujons nécessaires à l’équipement des voies… va falloir faire de sacrées coupes franches dans la garde-robe. Soit on se contente de 2 sacs par personne, soit on se réincarne en Shiva, sachant qu’arrivés à Santiago, le reste se fera par cars jusqu’à destination, vraisemblablement dans la région de Puerto-Varas, à l’Ouest de Puerto-Montt, au début de la Patagonie, la région des lacs.
Décembre 2010 : Le matériel est enfin prêt (Un grand merci aux sponsors)
C’est parti !
Résultats de l’expédition
Le voyage fut très enrichissant tant au niveau des paysages, des locaux ou moins locaux rencontrés, ainsi que de leur culture et des enseignements sur les techniques d’équipement en canyon.
Nous avons ouvert trois magnifiques canyons au milieu d’une forêt remplie d’une végétation luxuriante ou d’un désert quasi aride. Ces canyons sont techniques avec de jolis toboggans et de grandes verticales entre 50 et 80 mètres.
Deux canyons seront largement exploités par un guide de rafting français (Richard Carrier) qui dirige une agence de sports d’eaux vives et qui nous a gentiment accueillis et aidé sur place. Ces ouvertures lui permettent de proposer à ses clients deux canyons plus sportifs.
Le canyon de la vallée de Maïpo près de Santiago et qui présente une cascade de 80 m sera sans doute une vitrine pour la dirigeante de l’agence de tourisme Isabelle de Santiago que nous avons rencontré sur place.
Malgré la météo capricieuse du nord de la Patagonie (Les pluies diluviennes ayant gonflé en 1 journée les canyons et ce durant 8 jours) ainsi que les problèmes logistiques liés à la jungle et à l’ouverture de chemin d’accès, nous avons atteint notre objectif d’ouverture sur une durée de trois jours en moyenne ; 1 jour de reconnaissance, 1 à 2 jours d’ouverture de cheminement et 1 journée de 6 heures d’équipement et de descente dans le canyon.
Samedi 8 janvier
L’avion c’est long !!!
Dimanche 9 janvier
Récup matos, bus pour la gare routière et on trouve Gilles qui nous attend patiemment sur un banc d’une salle d’attente du terminal. C’est super, on saute direct dans un bus (je vous rappelle qu’on est direct au terminal), et on fonce direction Puerto-Varas.
Descente à Puerto-Montt (on s’était gouré dans la destination) puis direction Puerto-Vara, le tout avec 9 sacs représentant 180 kg, ce qui nous fait un départ samedi aux aurores avec une arrivée lundi matin.
Lundi 10 janvier
Après toutes ces navettes et changement de bus nous voici ENFIN arrive à Puerto-Varas où nous retrouvons notre contact par internet Richard Carrier qui gère une société de kayak rafting sur ces splendides rios de la région des grands lacs. Enchanté de notre arrivée et du matos français qu’on lui amène et très difficile à trouver ici.
Les présentations se font très vite et les questions fusent : logistique, technique de canyon, connaissance des accès aux sites et des gens locaux…
Et la dernière question de richard qui tombe : Que voulez vous faire cet après-midi ? Je ne le laisse pas terminer ses paroles et lui propose d’aller explorer et voir le fond de la vallée… Rendez-vous pris pour 14 h 30 au gîte que Richard nous a trouvé pour 40 000 pesos par jour (60 €) avec vue sur le lac Lanquilhue et le volcan Osorno… C’est le rêve !!! Le gîte se trouve à Ensenada à 50 km au sud de Puerto-Varas sur la route australe.
14 h 30... euh pardon 15 heures !!! Ce n’est pas le quart d’heure ariégeois mais chilien. Direction chez le voisin un gars très sérieux qui possède des vaches et une cabane sur le chemin d’accès du canyon qu’exploite richard pour les clients. Notre espagnol quelque peu approximatif fait sourire notre local qui lui parle un patois que Richard ne comprend pas. On se laisse croire qu’il nous dit qu’au-dessus de son pré, il y a un chemin qui monte vers une cascade de 50 m et qu’il n’a jamais vu quelqu’un aller vers là-bas, sauf les vaches qui vont boire jusqu’au rio.
Nous décidons alors de laisser tout le matos et partir reconnaître à pied. On prend juste une bouteille d’eau… et une machette… La Machetta !!!
1 h 30… Je confirme, la « machetta » fonctionne très bien mais à part du bambou et de la rhubarbe sauvage pas de cascade. On se rend vraiment compte qu’ici la forêt Australe c’est carrément la jungle !!!
On voit enfin une cascade de 10 m. On pense alors que le local a un peu forcé sur le Pisco (alcool local de raisin mélangé à du citron ou de l’orange), ou que c’est un Marseillais Chilien.
18 h 30 on décide de stopper ici la prospection retour sur la piste et… le gîte en ayant oublié de faire les courses.
Du mardi 11 au 18 janvier
Ouverture de la partie haute du canyon et prospection dans les vallées de Petrohue (10 km au sud) et Cochamo (40 km au sud). Il pleut depuis samedi et le niveau d’eau est multiplié par 5. Topo de la partie haute du Poto ; 100 m de marche puis désescalade de 4 m, toboggan 1 m puis succession de jolis toboggans de 1 à 3M au nombre de 8, marche sur 200 m, saut de 3M ou rappel (tronc en travers de la vasque) puis cascade de 4 m, 6 m et cascade terminale de 18 m avec un saut possible. Belles vasques larges et profondes.
Du mercredi 19 au samedi 22 janvier
La météo nous oblige à aller voir au Nord. Direction l’est de Santiago pour le canyon de Maïpo. Sur la route, nous trouvons un camping à San Alfoson. De nouvelles prospections et repérage d’une cascade de 80 m vers le fond de la vallée et le village de Banos Morales. Accès facile et rapide depuis la route à partir du panneau Salto Del Agua.
Équipement et photos du Salto Del Agua.
Topo : Longue marche pénible dans un éboulis pour contourner puis marche au fond d’un canyon aride et enfin cascade de 20 m puis 80 m.
Dimanche 23 janvier : Journée détente et grimpe à Banos Morales.
Lundi 24 janvier
Journée de repos (pas top avec le bus, le métro, la chaleur suffocante et le monde) à Santiago pour trouver un câble pour recharger l’appareil photo de Bruno et une batterie pour mon caméscope. Recherches infructueuses.
C’est à ce moment que nous décidons de scinder l’équipe en deux. La moitié soit 1, 5 (pour des raisons pratiques, nous arrondirons à 1) redescendra vers le sud, retour sur Puerta-Varas donc, et l’autre (les deux restants) ira côté nord, vers le désert de l’Atacama. Histoire de couvrir la quasi-totalité du territoire Chilien.
Mardi 25 à lundi 31 janvier
Retour à Puerto-Varas avec un créneau météo favorable pour l’ouverture des deux canyons repérés 1 semaine plus tôt. Topo ; Entrée par une étroiture, C18 puis C5, C8.
2 variantes à gauche C20, C25 à droite C40, marche et désescalade sur des gradins passage de chaos puis C25, C20, C50, C6, C20 ; On traverse au-dessus d’une vasque sur un énorme tronc d’arbre puis C15, C10, C10. Magnifique !!!
Mardi 1er et mercredi 2 : Retour à Santiago et petit détour par l’océan Pacifique. (Où moi, Bruno, n’aura pas réussi à aller plus haut que le mollet… trop froid pour moi)
Jeudi 3 février : C’est déjà le temps du retour. On refait les bagages (ça va faire mal au budget à l’aéroport)
That’s all folk !
Il vient un temps où l’on doit évidemment se rendre compte de l’inéluctable, quand c’est fini, c’est fini. Il ne sert à rien de tergiverser, et même meubler (et Dieu m’est témoin que j’ai usé parfois de cet artifice), ça ne se verrait pas trop. Il va donc falloir tirer un bilan, faire les comptes.
Peut-être d’ailleurs vais-je devoir laisser un peu de temps pour être objectif, les émotions étant encore trop présentes. Ce que le récit perdra en spontanéité et émotions (et il y en a eu beaucoup), il le gagnera en objectivité.
D’un mois à l ‘autre bout du monde, en compagnie de gens que je ne connaissais pas ou peu, faisant des rencontres éphémères mais parfois intenses, surmontant tant bien que mal la barrière de la langue – à ce propos, j’ai largement étoffé mon vocabulaire espagnol. Dorénavant je sais dire que je suis perdu, je cherche, on m’a tout volé, désolé, je ne parle pas espagnol et je sais demander un empenada (sandwich local) et un dessert avec son café sucré !
Des mœurs et coutumes, on peut tirer un bilan autre que comptable, un bilan humain. Cette aventure n’est pas qu’un bilan sportif : « on a ouvert 3 canyons et demi » point.
On aurait pu en faire un de plus. Le bilan en eut il était meilleur ? 4 au lieu de 3, est-ce un plus ? Est-ce mieux ? « Fortius, altius, citius ? »
Par contre, étant quelqu’un de plutôt spontané, j’écris (presque) toujours d’un jet, et là, pour le coup je vais être obligé de faire un plan, de séparer les bilans comptables, sportifs, humains. La seule chose que je ne sais pas encore, ce bilan global est-il à la hauteur de ce qu’attendaient de nous nos « partenaires sportifs » ? Vous comprendrez aisément que ce n’est pas moi qui possède cette réponse.
De faits, je n’ai que deux regrets, des « actes manqués ».
- Le premier aura de n’avoir pas eu le cran d’affronter la température de l’Océan pacifique
- Le second aura été de n’avoir pas eu mon bivouac avec pour couverture, la seule voie lactée.