Rappel du projet initial
Commençons d’abord par situer notre projet dans le temps
et l’espace… Notre expédition s’est déroulée du samedi 25 juillet au
dimanche 23 août 2009, soit 4 semaines au total représentant l’ensemble de
notre capital vacances concentré pour l’occasion à cette période! Notre
destination ? L’Inde! Pour sa culture, ses paysages et ses villes, ses
habitants qu’ils nous tardaient de découvrir, de contempler, de rencontrer.
Mais l’Inde surtout pour ses imposantes et majestueuses chaînes de montagnes
qui nous faisaient rêver depuis longtemps et attiraient irrésistiblement nos
tempéraments de petits alpinistes occidentaux… Plus précisément, nous avions
décidé d’aller ancrer piolets et crampons sur les flans des montagnes encore
peu explorées de la région du Zanskar, au sud du village de Padum.
Le Zanskar désigne une région du district de Kargil, dans
la partie nord-ouest de l’Inde. C’est l’un de ces territoires lointains, réseau
de vallées barrées de cols et couronnées de sommets à plus de 7 000 mètres. Le
Zanskar, situé entre la chaîne de l’Himalaya et la vallée de l’Indus, est un
enchevêtrement de reliefs arides. La mousson franchit rarement les barrières
rocheuses qui cernent le Zanskar, ce qui avait conforté notre choix pour cette
destination vue la période à laquelle nous allions nous y rendre… La région est
isolée du reste du monde par la neige quasiment huit mois par an. Il s’agit de
la plus haute vallée peuplée de l’Himalaya. Environ 10 000 habitants vivent
pauvrement de l’agriculture et de l’élevage des moutons et des yacks. L’été,
adultes et enfants travaillent dur pour cultiver de quoi survivre aux longs
mois de la mauvaise saison. Les villages zanskaris enclavés vivent en
quasi-autarcie. Exempt de tout matérialisme occidental, le Zanskar est une
vraie leçon de vie et d’humilité ou vit un peuple d’une hospitalité rare. De
dominante bouddhiste, le peuple zanskari composé de moines, de seigneurs
féodaux et de paysans, vit dans le respect des antiques traditions tibétaines
et de fidélité au Dalaï-lama. On y parle zanskari (proche du tibétain) ou
ourdou (langue indienne).
Notre projet initial d’expédition s’est construit autour de 4
objectifs principaux :
-
Tenter l’ascension de sommets de plus de 6 000 mètres non
répertoriés, sans noms, probablement vierges, en style alpin pour favoriser un
maximum d’autonomie et une conception « légère » de l’alpinisme.
-
Aborder ces sommets par une vallée encore inexplorée et
sur laquelle nous n’avions pu recueillir aucune information et apporter notre
contribution à sa connaissance et à sa cartographie plus précise.
-
Valoriser la mixité sportive (2 filles, 2 garçons) dans le
domaine encore très (trop ?) masculin de l’alpinisme et faire valoir un projet
« jeune » (âge moyen: 22 ans).
-
Dépasser le cadre personnel et la stricte performance
physique pour inscrire plus largement ce projet dans les vies professionnelles
de chacun (en particulier Simon et Jonathan qui sont en préparation au diplôme
d’aspirant-guide).
Concrétisation du projet sur place
En étudiant les cartes en amont du projet, nous avions
ciblé 6 sommets potentiellement accessibles au-dessus du village de Padum. Nous
avions estimé la difficulté des itinéraires à partir de différents calculs et
analyses de cartes. Nous avions surtout comparé cette cartographie avec celle
de la chaîne des Stocks (bien connue) à environ 200 kilomètres au nord. Nous
envisagions différentes traversées peu techniques entre ces sommets et l’accès
au pied de ces derniers semblait relativement aisé.
Hormis les cartes peu précises (au 1/150 000e,
loin des 1/25 000e de nos cartes françaises!) nous n’avions pu
recueillir d’autres informations sur cette vallée. Au quotidien, la réalité du
terrain et les aléas du voyage nous ont réservé bien des surprises!
Rapidement
nous avons été contraints de nous adapter en modifiant nos objectifs initiaux,
sans pour autant en dénaturer l’esprit.
La vallée par laquelle nous avions choisi d’aborder ces
sommets s’est révélée plus inaccessible que prévue. Nous avons eu beaucoup de
mal à trouver chevaux et horsemen suffisamment téméraires pour acheminer tout
notre matériel vers cette zone inconnue. En conséquence, nous avons dû
installer notre camp de base plus bas que nous l’espérions. Nous avons par
ailleurs appris qu’une expédition américaine s’était déjà rendue dans ce
secteur, sans avoir pu dépasser notre camp de base… Cette information (qui nous
avait échappé), nous inquiéta autant qu’elle aiguisa notre intérêt!
Il nous fallut donc 4 jours pour atteindre notre camp de
base avancé (ou nous avions espéré implanter notre camp de base en une seule
journée!). Rapidement nous comprenons que les traversées imaginées seront
difficilement réalisables avec le temps et les moyens qui nous sont impartis
(pour ne pas dire impossible!). Nous décidons donc de nous focaliser sur un
sommet afin de pouvoir y tracer une ligne plus technique. Les différents
repérages que nous effectuons à la jumelle nous inquiètent. Les sommets sont
souvent barrés par des réseaux de barres compactes et la suite semble
particulièrement technique… Une ligne semble pourtant envisageable, suivant
tout d’abord un système de couloir pierreux se faufilant entre les barres puis
semblant conduire à une magnifique face s’élevant droit vers le ciel… Autant de
surprises que ne laissaient présager les cartes!
Après quelques portages vers le camp de base avancé, et
l’implantation d’un camp d’altitude, nous avons pu atteindre ce sommet, vierge
de toute trace, culminant à 6 178 mètres. Nous baptisons « yackatak »
la voie par laquelle nous venons d’accéder au sommet. Nous estimons sa
difficulté à D+/1 000 m/3+. Après de longues vérifications grâce à nos contacts locaux, nous avons
la confirmation que ce sommet, souvent caché de la vallée, n’est pas nommé,
même localement… Nous avons laissé le soin à nos amis ladakhis et zanskaris de
choisir le nom de cette cime. Ces derniers la baptisèrent « Haftal
Kangri ».
En ce qui concerne notre contribution à la cartographie
imprécise (nous ne dirons pas le contraire!) de la région, un retour sera fait
très prochainement aux éditions Olizane qui éditent les cartes les plus
précises (!) du secteur. Ce retour se fera sous forme de transmission d’un
certain nombre d’altitudes exactes et de relevés GPS que nous avons pu prendre
au cours de l’expédition et sans oublier bien sûr le nom du sommet que nous
avons pu atteindre.
Le côté « expédition » n’a pas pour autant
sacrifié l’esprit « voyage ». En effet, les échanges avec les locaux
et la découverte de la culture bouddhiste ont été très enrichissants. En
particulier lors du trek que nous avons entrepris à la suite de notre
ascension, avec l’objectif de découvrir les noms des sommets du coin. Le
passage dans les petits villages isolés du Zanskar et les rencontres avec leurs
habitants resteront des souvenirs marquants pour nous tous.
Nous sommes finalement heureux d’avoir pu mener ce projet
en respectant sa philosophie initiale… C’est-à-dire en tant qu’expédition
« légère », relativement autonome, et « sauvage… » tant du
point de vue des espaces naturels explorés que du point de vue administratif,
puisque nous avions délibérément fait le choix de nous passer des
autorisations, ces « formalités » étant peu en phase avec l’esprit de
notre projet, (mais il s’agit là d’un autre débat).
Compte rendu chronologique
25 et 26 juillet: voyage en avion et arrivée à Leh
Après une nuit bien raccourcie par les préparatifs de
dernière minute et surtout par la terrible épreuve de pesée et de bouclage des
sacs, nous quittons Grenoble vers 7 heures. À l’aéroport, un deuxième
challenge nous attend: enfiler sur nous tous les vêtements qui ne rentrent pas
dans les bagages… Résultat: nous nous retrouvons accoutrés comme des
cosmonautes, Spantik aux pieds, doudounes, gore-tex et autres polaires empilées
alors que la température avoisine les 30 degrés! Je vous laisse imaginer le
regard mi-curieux mi-amusé que posent sur nous les touristes en mode
tongs-parassol de saison! Notre harnachement fait cependant beaucoup
moins rire les agents de sécurité, désespérés de nous faire nous déchausser à
chaque passage de portique, sans parler du panneau solaire qu’il a fallu
déballer et clamer l’innocence un nombre incalculable de fois (des fois qu’on
puisse fabriquer une bombe avec!).
Nous quittons enfin le territoire français à bord d’un
premier avion de la compagnie Swiss Air qui nous amène jusqu’à Zurich où
l’escale de courte durée a bien failli nous faire rater la correspondance pour
Delhi. Puis, nous embraquons pour 8 heures de vol à bord d’un airbus.
Arrivés à Delhi, une chaleur étouffante nous accueille: il est pourtant près
de minuit!
Quelques contrôles d’identité, une nouvelle pesée et une
modeste heure de sommeil plus tard, nous embarquons pour Leh. Le guide
touristique décrit ce vol comme, je cite, « un avion atterrissant
dangereusement au beau milieu des montagnes »… Pas très rassurant d’avoir
appris cette petite anecdote qui effectivement se confirme mais qui n’empêche
pas Simon de tomber amoureux de l’hôtesse de l’air!
Arrivée à Leh: un paysage lunaire s’offre à nous… Nous
sommes ravis de constater que nos chaussures de cosmonautes se révèlent
finalement de circonstance! Leh, capitale du Ladakh, culmine à 3 500 mètres
d’altitude: ça nous plonge directement dans l’ambiance!
Nous passons le reste de la journée à organiser la suite
de l’aventure. D’abord, prévoir le transport jusqu’au petit village de Padum
(il faut compter 20 heures pour s’y rendre): difficulté pour y aller en
bus, nous optons donc pour la jeep. Puis, il nous faut trouver un cook, obtenir le contact d’un horseman, négocier les prix… Willy, le
patron de la Guest House où nous
logeons qui tient également une agence de trek nous fournit une aide précieuse
pour accélérer un peu les préparatifs. Nous comptons également sur cette
préparation logistique anticipée pour rester discret une fois sur place. En
effet, nous avons délibérément fait le choix « d’omettre » la
procédure de permis d’ascension, peu en phase avec la philosophie de notre
projet… Enfin, nous pouvons rejoindre nos lits pour une nuit de sommeil plus
que méritée!
27
et 28 juillet: trajet en jeep et arrivée à Padum
Nous quittons Leh dans la matinée. La route, bien
qu’étroite, est encore goudronnée jusqu’à un petit village Pishu où nous
faisons une halte pour déjeuner. Puis celle-ci se transforme en piste et, au
détour d’un virage, nous nous retrouvons stoppés par un éboulement. Une bonne
heure plus tard, nous repartons. Nous passons un col à 4 400 mètres avant
d’attaquer la descente sur Kargil. Cette ville a gardé des séquelles des
affrontements entre l’armée indienne et les islamistes pakistanais et n’en
demeure que des plus inhospitalières!
Nous décidons finalement de ne pas y passer la nuit et de
poursuivre la route (qui n’est désormais plus qu’une piste chaotique!) pour
arriver plus tôt à Padum. Nous tentons vainement de nous endormir, bercés par
les secousses, mais un événement un peu improbable nous arrache à ce sommeil
précaire: nous nous retrouvons bloqués au beau milieu d’une rivière, la jeep
penchant dangereusement au-dessus du ravin d’eau à moins d’un mètre de nous!
Heureusement, une autre jeep nous tire de ce mauvais pas en nous tractant avec
une corde.
Remis de nos péripéties nocturnes, nous finissons par
atteindre le petit village de Padum, capitale du Zanskar. Nous déjeunons dans
un restaurant tibétain (ils sont nombreux dans cette région de l’Inde qui tient
lieu de terre d’accueil pour ce peuple chassé de son pays) avant de faire une
sieste salvatrice.
29 juillet: montée au camp de base (3 800 m)
Nous quittons Padum dès le lendemain matin. Premier
problème: le passage clé devant le camp militaire avec tout notre petit convoi
(7 chevaux en tout) sans trop se faire repérer! Après une dizaine de
kilomètres sur piste, un deuxième obstacle s’offre à nous: comment traverser
la rivière (ou plutôt le fleuve, vu l’impressionnant débit) car le sommet nous
impose de passer sur l’autre rive. Les horsemen ne connaissant pas la vallée,
nous n’avons d’autre choix que d’avancer afin de trouver une solution plus tard.
Nous apprenons par ailleurs qu’une seule expédition avait tenté avant nous
d’approcher cette vallée et s’était soldée par un échec à 4 000 mètres.
En définitive, repoussant le problème au lendemain, nous
établissons le camp de base à 3 800 mètres d’altitude, sur la mauvaise rive,
mais le coin est paradisiaque: petite prairie verdoyante traversée par un
ruisseau d’eau potable avec vue imprenable sur les sommets enneigés, rien à
envier a notre Cham’ national! Pour noyer notre incertitude, Norbin, notre cook, nous mitonne de bons petits plats
qui nous redonnent le sourire.
30 juillet: première tentative de traversée de la rivière
ou comment se noyer en moins de 10 secondes
Norbin nous réveille avec un petit thé au lait servi en
tente version 3 étoiles! Nous tentons de trouver une zone au débit plus faible
pour traverser la rivière… c’est peine perdue mais les gars décident de
l’affronter à la nage! Ils frôlent la noyade, l’hypothermie, et la perte du
slip mais leurs efforts restent vains: il nous faut chercher une nouvelle
alternative!
En fouillant dans nos sacs, nous trouvons (ô miracle!) un
tamponnoir et quelques goujons salvateurs. Nous vient alors l’idée lumineuse
d’installer une tyrolienne, mais faut-il encore passer sur l’autre rive pour
l’installer… Nos vaillants soldats se dévouent pour redescendre dans la vallée
jusqu’au pont et remonter sur l’autre rive (5 heures de marche quand même!).
À la tombée de la nuit, suite à de nombreuses tentatives
infructueuses pour faire passer la corde de l’autre côté (les filles: pas de
bras pas de chocolat!), la tyrolienne est en place et est fonctionnelle… C’est
gagné!!! Simon et Jo dormiront au chaud sans avoir à se partager le dernier
Kréma! Repas et dodo bien mérités complètent cette journée riche en émotions.
Rien n’est encore acquis car nous ne savons pas encore si l’accès au sommet
sera praticable…
31 juillet: reconnaissance et montée des affaires au camp
de base avancé (4 300 m)
Nous préparons tout notre attirail métallique (donc lourd!)
afin de mettre en place le camp de base avancé! Nous franchissons la rivière
grâce à la tyrolienne puis nous montons sous un soleil de plomb. Dans un
endroit propice à notre établissement, nous hissons les affaires au sommet d’un
bloc rocheux afin d’éviter que les yaks ne se fassent un festin de lyophilisé
sans nous!
Nous profitons de cette journée pour procéder aux
repérages du secteur. La réalité est bien moins accessible que nous
l’imaginions! Les traversées que nous projetions paraissent irréalisables. Un
seul passage se révèle envisageable et un seul choix aussi aléatoire soit-il
s’impose. Nous repérons une ligne envisageable à la jumelle. De nombreuses
interrogations subsistent pourtant… En fin d’après-midi, nous redescendons au
camp de base.
1er août: repos et préparation des sacs au
camp de base
Nous
prenons une journée de repos bien méritée qui nous permet de préparer
méticuleusement les sacs pour l’ascension. Nous profitons également de nos
derniers bons repas made in Norbin.
2 août : montée au camp de base avancé (4 300 mètres)
Après un copieux petit-déjeuner, nous quittons (presque à
regret!) notre petit paradis pour rejoindre le camp de base avancé. Nous
installons notre camp, gérons notre approvisionnement en eau et inaugurons
notre premier repas lyophilisé. Nous dormons (ou du moins essayons de dormir)
serrés à 4 dans la petite tente.
3 août: montée au camp d’altitude (5 200 mètres)
Nous abandonnons le camp de base avancé vers 9 heures
pour monter à travers un vallon hostile et pierreux qui débouche heureusement
sur une vallée « plate » (dixit Simon)… Pas du tout plate en réalité
surtout qu’on est déjà bien entamés (l’altitude n’aidant pas!). Nous
installons le camp sur une terrasse rocheuse puis sieste pour tous sauf le
courageux Simon qui part repérer l’approche pour le lendemain. 2-3 bons
lyophilisés, une courte nuit (réveil 23 heures) et nous voilà partis!
4 août: ascension du sommet vierge (6 178 mètres)
Nous démarrons la voie à minuit à la lueur de la pleine
lune et des frontales. Nous commençons par quelques pas d’escalade (3+ max) sur
200 mètres puis début des pentes de neige: 45 puis 55 degrés puis
stabilisation à 50. Au fur et à mesure de la montée, la glace laisse place à la
neige… Attention broches affûtées indispensables! Les organismes commencent à
souffrir de l’altitude, le rythme rétrograde au stade tortue…
Mais après 8 heures d’effort l’arête s’offre à nous
et le soleil aussi. Une centaine de mètres plus haut, nous voici au sommet dans
un état critique mais ravis. Édifice d’un petit cairn et pause photos
inévitables.
Nous avons vaguement repéré la veille une arête nous permettant
peut-être d’éviter la quinzaine de rappels pour redescendre dans la face… Au
final, un seul rappel de 30 mètres suffit pour sauter une rimaye puis nous
descendons par un pierrier qui pourrait être la voie normale… Nous regagnons
notre terrasse vers 15 heures pour une sieste bien méritée! Nous évaluons
la difficulté de l’itinéraire que nous venons de tracer à D+/1 000 m/3+ et
baptisons cette ligne « yackatak ».
5 août: redescente au camp de base et rangement
Après une nuit loin d’être réparatrice (car serrés à 4
sous la tente!), nous plions le camp d’altitude pour entreprendre la descente
vers le camp de base. La fatigue nous rappelle à l’ordre et le passage du
pierrier s’en trouve un peu laborieux. Nous récupérons une partie des affaires
laissées au camp de base avancé avant de poursuivre. Nous regagnons enfin et le
camp de base et retrouvons les bons petits plats de Norbin qui nous avaient
tant fait saliver plus haut!
L’après-midi est consacrée à divers travaux de
« maçonnerie ». Nous devons en effet bientôt ressortir les piolets
pour tenter de détourner notre petit cours d’eau, qui, sous l’effet de la fonte
des neiges, menace d’inonder notre camp de base. Mais le manque de sommeil se
fait rapidement sentir et nous tombons dans les bras de Morphée plus tôt que
prévu!
6 et 7 août: Démontage du camp de base avancé, repos et
bloc à proximité du camp de base
Nous nous remettons doucement de l’ascension. Ces 2
journées débutent par des grasses matinées puis nous décidons d’aller
« bloquer » sur les cailloux non loin du camp de base. Dur de fermer
le bras à cette altitude et après l’effort des jours précédents!
Pour ce qui est des parois alentours, l’étude du rocher à
la jumelle ne fait apparaître aucune ligne de faiblesse dans une masse très
compacte. Avec la dizaine de goujons qu’il nous reste, nous renonçons
finalement à toute tentative d’ouverture ou d’équipement.
Nous profitons également de ces journées pour remonter au
camp de base avancé afin de démonter ce dernier et de redescendre le matériel
laissé là-haut.
8 août: retour à Padum
Un problème oculaire affectant l’un d’entre nous invite à
revenir vers des lieux plus « civilisés ». Nous plions définitivement
notre camp de base et regagnons Padum avec notre convoi de mules. Jonathan se
retrouve dans un traquenard difficile à esquiver: des bergères locales,
ayant flairé son appétit féroce et téméraire, lui servent sans aucune mesure de
grands bols de lassi (petit lait de
yak)! Arrivés en début d’après-midi, nous retrouvons un Padum tout autre que
celui que nous avions quitté: l’effervescence est générale pour préparer la
visite du Dalaï-Lama qui doit avoir lieu quelques jours plus tard.
Afin d’avoir un point de vue sur le sommet que nous avons
gravi et de remplir notre mission cartographique, nous décidons de nous lancer
sur le trek reliant Padum à Lamayuru. Nous organisons donc la suite de
l’aventure qui doit débuter dès le lendemain.
Du 9 au 16 août: trek de Padum à Khalatsé
Nous voilà partis sur le trek, pas fâchés de nous être
débarrassés d’une bonne partie de nos affaires, laissées à Norbin pour qu’il
assure leur acheminement jusqu’à Leh. Nous avons fait le choix de partir assez
légers (pas de tente, achat de nourriture au fur et à mesure…) pour éviter bon
nombre de contraintes matérielles et pour avoir la liberté de découper les
étapes à notre guise.
Après 3 jours à suivre la rivière Zanskar sur une piste
peu fréquentée, nous prenons un peu de hauteur à travers de petits sentiers
abrupts. Paysages magnifiques et rencontres riches avec les villageois feront
le quotidien de ce trek qui s’achèvera à Khalatsé où nous faisons du stop
et prenons le bus pour Leh.
Du 17 au 25 août: visites diverses
À Leh, nous retrouvons avec plaisir la Guest House et l’agence Neezer
Inexpensive Adventure (NIA) dont l’aide nous a été précieuse pour concrétiser
notre périple. Nous profitons de quelques jours de répit avant le vol pour
Delhi pour visiter Leh. Nous avons même la chance de voir en personne le
Dalaï-Lama, en visite dans la capitale du Ladahk!
L’arrivée au cœur d’un quartier populaire de Delhi est
surprenante: nous nous frayons non sans difficulté un chemin parmi la foule,
les rikchos et les tchouk-tchouks… Que d’ambiance, de
couleurs, d’odeurs qui mettent en éveil tous nos sens! Nous visitons les
principaux monuments de Delhi mais un orage violent inondant les rues de la
ville en pas moins de 2 heures nous oblige à renoncer.
Une escapade au si fameux Taj-Mahal, situé près d’Agra à 4 heures
de route de Delhi, complétera le volet culturel de notre épopée avant de
reprendre l’avion… Direction la France !
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