Virée en slackline à travers le Mexique
MEXIQUE - Août-septembre 2013
Vincent Kronental (à gauche) et son équipe le 12e jour. L’équipe à l’arrivée savoure une bière locale.
Chloé Roux-Mollard,
24 ans,
Laure Millot (24 ans)
Pierre-Jean Lallement (25 ans)
Romain Hocquemiller (28 ans)
Falej Hector Chavez (25 ans)
Ce projet est la réunion de cinq amis tous passionnés de slackine, Laure Millot, Chloë Roux-Mollard, Faleg Chavez, Pierre-Jean Lallement et Romain Hoquemiller. Notre projet original était d’aller ouvrir de nouvelles lignes dans un premier temps, à Monterrey (Nuevo Leon), un des hauts lieux de la grimpe mexicaine, avec des lames calcaires de plus de 1000 mètres. Ensuite, nous voulions tenter la traversée au-dessus d’El Sotano de las Golondrinas (San Luis Potosi): un des plus profonds gouffres au monde (plus de 350 mètres) avec une ouverture de 60 m de diamètre offrant une ligne inédite, mais demandant une logistique bien particulière avec des millions d’oiseaux sortant le matin et rentrant à la tombée de la nuit… Enfin, l’idée était de faire de la waterline dans les cascades de Tamasopo, à la Huasteca Potosina (San Luis Potosi).
Tout au long de ce périple, nous souhaitions également organiser des animations et initiations au sein d’associations avec des publics variés, afin de faire connaître l’activité et de leur permettre de la développer sur place. » Paso a paso, Highlin’in Mexico » reflète l’esprit d’aventure et de dépassement de soi, mais aussi et surtout le partage.
Prise de contact avec les enfants de l’association « Casa Canica ». Photo Romain Hocquemiller.
Après 36 heures de voyage pour rejoindre la terre promise, vient le temps des retrouvailles avec les copains. Il est 1h du matin à Guadalajara dans l’état de Jalisco à l’ouest de Mexique (8h en France), tout le monde a bonne mine et la soirée va un peu s’éterniser.
Après de brèves heures de sommeil, nous voilà partis pour notre première initiation et rencontre mexicaine. Ce matin, nous accueillons au sein du plus grand parc de Guadalajara un groupe d’enfants malades du cancer, que nous sensibiliserons à la slack par le biais de l’association Casa Canica. Âgés de 7 à 19 ans, les enfants et ados ont fait preuve d’une énergie débordante face à l’activité qu’on leur faisait découvrir. Volontaires, plus que sociables et curieux, souriants et croquants la vie à pleine dents, ils ont réussi à nous faire oublier leur maladie… Magnifique échange, l’aventure commence au mieux.
A une demi-heure de Guadalajara se trouve un spot de grimpe: El Diente. « Paso a paso » avait annoncé à la communauté de grimpeurs et slackeurs de Guadalajara un rassemblement avec des slacks pour tous niveaux et une highline (ou plutôt midline) pour initiations le week-end du 10 et 11 août. C’est parti, des jumpeurs, des débutants, des enfants, des adultes, des mexicains, des étrangers, des grimpeurs, des slackeurs… le site s’anime! Leashfalls, figures, traversées, surfs s’enchaînent dans une super ambiance jusqu’à… Une chute de Faleg et une belle entorse! C’est la déprime, au moins 2 ou 3 semaines de récupération obligée. Un excellent week-end malgré tout, avec pleins de superbes rencontres, des Mexicains sur-motivés et plus qu’accueillants!
Après une semaine à Guadalajara très bien accueillis dans la famille de Faleg, nous prenons la route direction Monterrey, proche de la frontière avec les Etats-Unis, avec une escale à Matehuala (San Luis Potosi). Seize heures de trajet pour 800 km avec Astrorito! On arrive au pied de la face de Potrero Chico. Après plusieurs mises en garde des locaux quant à l’insécurité régnant dans la région, on décide de monter notre campement dans un camping, La Posada, à deux pas du big wall.
Chargement d’Astrorito après une nuit à Matehuala, ville natale de Faleg. Photo Hector Faleg Chavez.
Avant de nous lancer dans les ouvertures, on décide de participer à un Festival de slackline à Monterrey. Les rencontres que nous y feront seront décisives pour la suite du programme… Encore une excellente ambiance, mais la malédiction s’abat encore sur l’équipe avec Laure qui se fait une déchirure du sous épinal, solidaire avec Faleg…
PJ met le feu lors du rassemblement de slackline le « Slack Fest MTY 2013 ». Photo Romain Hocquemiller.
Nous ne sommes plus que 3 pour nous attaquer à ce paradis de la haute ligne! Des lames calcaires de plusieurs centaines de mètres de hauts (plus d’1 km), espacées de quelques dizaines de mètres. Pas évident d’imaginer les distances sur de si grandes faces, encore moins les possibilités d’accès! Le topo des voies étant… vraiment peu explicite! Et les accès s’annoncent bien pires que ce que nous imaginions : tout ce qui pousse se voit doté de pics et épines en tout genre! Du micron à la dizaine de centimètres, ces aiguilles n’attendent que vos mollets ou toutes autres parties de votre corps pour s’enfoncer et ne plus ressortir! Après 2 voies grimpées et deux échecs, on s’oriente sur un canyon accès (à pied) en haut d’une superbe barre d’une bonne quarantaine de mètres de haut, bon rocher au sommet, superbe vue sur les Bigs Walls environnants! Enfin on y est! 6 trous plus tard, la première ligne est installée! « Primer Paso entre los muros », plus de 40m de haut et de long, qui verront les premiers pas d’amis Mexicains rencontrés au festival, le tout médiatisé par une équipe de télévision locale…
Next step, réinstaller la ligne d’initiation 12m (ouverte il y a un an) entre « Las Agujas », et en faire profiter ainsi nos camarades. Deux aiguilles de 70m au pied d’une jolie face de 1000m… On fait l’installation rapidement sans trop de tension (ces petites aiguilles ne donnant pas super confiance), et on assure nos amis dans leur première voie d’escalade (5+/6a). Une remontée sur corde statique et les voilà sur la ligne. Une première traversée, beaucoup d’émotion et une révélation pour Pappas! Mission accomplie pour l’équipe, la passion est contagieuse et se transmet au Mexique…
Sur le pillier nord de « Las Agujas ». Photo Chloë Roux-M.
Le projet suivant sera une belle ligne de 75m de long et de haut, qui sera ouvert en plusieurs jours pour cause de passages orageux. Petite galère en prime pour recharger le perfo qui marche avec 220 volts alors que les prises locales en délivrent 110… Trois longueurs de chaque côté, un peu de pluie pour nous titiller mais l’installation se déroule bien avec Rom et Laure du côté des aiguilles, Pj de l’autre, Chloë qui fait passer la ligne en bas et Faleg en rééducation, qui médiatise. Beau projet!!! On passera trois jours à mettre des essais, bien entamés par la fatigue, avec deux longueurs à grimper pour y accéder, avant de monter sur le monstre! Seul Pj se mettra le plus gros combat de sa vie et arrivera au bout, établissant ainsi son nouveau record personnel. Cette ligne « Chingonsisima » nous faisait tous rêver et nous avons atteint les limites de ce que nous pouvions installer avec notre matériel!
Les aventures s’enchaînent et les jours de repos sont inexistants! Au programme : une grande voie pour aller repérer un projet dans un grand canyon, avec du beau rocher et de la belle grimpe ; Une nouvelle initiation sur la place centrale d’Hidalgo en plein soleil ; Trois heures de rando pour Laure et Chloë qui partent explorer le sommet de la face de Potrero pour y ouvrir une ligne; Un nouvel échange avec des slackeurs de Monterrey ayant pour objectifs : ouverture d’une ligne, installation, slack, pendule… Une fin de semaine bien chargée!
Les 3 semaines seront passées bien vite! On passera plus d’une journée à ouvrir la ligne dans le canyon, après 6 longueurs et un rappel d’un côté, 3 longueurs de l’autre, du trad, des chutes de pierres, et un nouvel orage en prime! Quelle mission! Mais quelle belle ligne… On se réveille épuisés, et il faut re-grimper 3 longueurs avant d’aller mettre des essais sur une ligne de 55m de long et de haut, bien molle… Quelques tensions dans l’équipe finiront de tuer notre combativité, mais nous donneront tout pour enchaîner des pas. Malgré le moral et le physique qui est loin d’être à 100 pour cent, on est enchantés de marcher sur cette ligne, et Faleg fera son retour parmi nous! Encore une désinstallation sous une pluie battante alors qu’on nous annonce l’arrivée d’un ouragan! Espérons qu’on puisse monter poser cette ligne au sommet pour notre dernier jour à Potrero Chico. « Réveil prévu à 5h30, on verra le temps qu’il fait… ».
« El Toro », point culminant de Potrero Chico. Photo Chloë Roux-M.
2h15 pour atteindre l’arête. Panorama de rêve, météo finalement au rendez-vous, la ligne est vite posée, 25/30m de long pour 25m de gaz direct et plus de 1000m de gaz indirect qui l’entoure! Une magnifique dernière journée au sommet dans un cadre et une ambiance idyllique. Fini Monterey, fini Potrero, une page se tourne ! Le bilan : 225 mètres de Highlines tendus pour six lignes installées, 37 goujons expansés pour 5 nouvelles ouvertures, 1 Swingline, 1 pendule, un spot de Highline pour tous avec différentes longueurs : 8, 20, 27, 40, 55 et 75 mètres et pleins de rencontres inoubliables!
Nous voilà partis sur la route direction la Huasteca Potosina et tous sur-motivés pour aller faire de la waterline. Petite escale à Real de quatorce après 400 km, dans l’état de San Luis Potosi avec une nuit à la belle étoile dans le désert. Puis direction les cascades de Tamasopo à 400 km de plus: le paysage change assez radicalement, de montagne au désert, et nous arrivons enfin dans cette région où les cours d’eau et cascades sont multiples, et la végétation bien dense. A peine arrivés, nous sommes un peu inquiets quant aux possibilités d’installation et mise à l’eau. En effet, il y a plusieurs cyclones sur le territoire et la météo annonce « pluie, pluie et pluie… »!
Nous partons en reconnaissance sur différents sites qui nous tiennent à cœur. Malheureusement, l’eau est d’une rare violence de par son débit et tout ce qu’elle charrie… Tous les endroits envisagés sont impraticables et très dangereux en ce moment. Nous décidons coûte que coûte, de poser au moins une ligne de secours sur laquelle toute l’équipe ira faire un tour avec le sourire dans une ambiance jungle style! Le soir même, une décision est prise : direction le célèbre Sotano de las Golondrinas (le gouffre). Le moral un peu miné par cet échec mais il fallait être réaliste, avec cette météo, nous n’aurions rien pu faire avant plusieurs semaines.
Après avoir parcouru 100 km sur des routes en piteux états, encombrées par de multiples glissements de terrain et branches d’arbre, nous arrivons à Aquismon, petit village non loin du gouffre avec une panne de batterie en prime! Le lendemain, après un peu de mécanique en compagnie d’Iban, gérant de la Taqueria voisine, on prend la route vers celui que nous attendions avec impatience « Le gouffre des hirondelles ». A notre arrivée, surprise! C’est une communauté qui gère l’accès au site et entretien les lieux. Tarif : 30 pesos par tête pour rentrer. On expose le projet de tendre une highline au-dessus du gouffre et partons le visiter en attendant le verdict de la communauté. A la vue de ce gouffre, on est tous bouche-bée, c’est magnifique. La visibilité s’arrête à 60m de profondeur environ alors que celui-ci en fait plus de 350m sur le premier palier. La ligne est facilement équipable, avec un accès à pieds d’un côté et un rappel d’une dizaine de mètres de l’autre côté. De plus, de multiples plaquettes déjà présentes sur le site nous confirme la possibilité de percer. En fin d’après-midi, le conseil commence et la communauté est fortement représentée : Faleg expose le projet et nos attentes, en accentuant fortement sur l’échange international et les différentes actions que nous avons menées depuis notre arrivée au Mexique. Ils nous expliquent que le base-jump a déjà beaucoup nuit aux oiseaux habitants du gouffre, qu’il y a déjà eu des tyroliennes installées provoquant des accidents avec, qu’ils ont déjà autorisé pas mal d’activités jusqu’à aujourd’hui mais que le rappel reste la dernière qu’ils autoriseront… Que d’aller négocier l’appui du gouvernement est inutile puisque c’est eux qui auront le dernier mot. On nous a par ailleurs, laissé entendre la somme de 40000 pesos!!! La communauté veut protéger la faune et la flore de cette merveille de la nature, mais tomberait tous ses principes si l’argent était à l’appui! C’est vraiment triste. Toutes les lignes que nous ouvrons ici, nous souhaitons qu’elles puissent être refaites à l’avenir, outre le fait que nous n’avions pas les moyens de sortir cette somme, c’est complètement hors de nos principes et de nos valeurs quant à la pratique de la highline…
Nouvel échec et nouveau gros coup au moral. Et la pluie ne s’arrête toujours pas depuis maintenant une semaine, rendant la vie de tous les jours beaucoup encore plus difficile. On décide de changer d’air et d’étudier s’il n’y aurait pas d’autres gouffres dans la région en solution de secours. Direction Xilitla, où un grimpeur du coin qui tient un camping, pourrait peut-être nous aiguiller. Nous envisageons un premier gouffre, qui sera rapidement abandonné, un énorme nid de guêpes présent sur le site rend sont accès très compliqué et dangereux. Nous recevons des nouvelles d’Iban (cuisinier mécanicien d’Aquismon toujours motivé à nous aider !), qui s’est rendu sur un gouffre très peu connu et compliqué d’accès, avec une nouvelle réponse négative de la part de la communauté sur place, si la question de l’argent est écartée, une fois de plus…
Paso a Paso
Paso a Paso
Paso a Paso
Paso a Paso
Paso a Paso
Paso a Paso
Paso a Paso
Paso a Paso
Paso a Paso
Nous sommes en pleine jungle. Des arbres immenses, lianes, orchidées diverses et variées, insectes en tout genre et reptiles sont omniprésents. Plus de vêtements secs, un camion détrempé où l’odeur de moisi commence à empester, et bien sûr, absolument rien pour sécher tout ça. La pluie commence sérieusement à nous taper sur le système! Un petit point météo et pas un jour sans pluie annoncé à deux semaines. On ne veut pas perdre de temps et remettons donc la suite du programme en question. Les cyclones on fait des dégâts considérables qui nous emmènent aujourd’hui à un triste bilan de 80 morts dans la semaine et des disparitions multiples. Les gens disent que ça fait plus de 100 ans que ce n’est pas arrivé ici au Mexique !
La décision est prise, on avance. Santiago, un grimpeur nous a contacté il y a quelque temps en nous proposant de lui rendre visite à Mineral del Chico, un village qui est sur la route pour le sud en espérant y trouver un peu de soleil! Après une nuit épique à 5 dans la voiture avec tout le matériel trempé, on reprend la route! 300 km sur le papier pour rejoindre Mineral au nord de la capitale, dans l’état d’Hidalgo. Une journée de routes de montagne, entre les glissements de terrain et les chutes d’arbres.
Santiago, la trentaine, ingénieur environnemental, passionné de grimpe et musicien accompli nous accueille. Le Parc de Mineral est magique! Nichée entre 2500 et 3000 mètres d’altitude, une superbe forêt parsemée de bites conglomérâtes sera notre terrain de jeux. En route pour le spot qu’on a repéré la veille, au plus haut sommet de cette formation. Une bonne heure de marche, et l’installation se fera dans un brouillard ultra dense. Petite piqure de rappel, la pluie s’abat soudainement sur nous. Détrempés, congelés, on redescend en courant à la voiture. On n’aura finalement que deux jours de beau sur toute la semaine pour aller essayer cette magnifique ligne : un gros 50 mètres qui finit au sommet du bout du bout de la montagne. Vision panoramique à 345,67° sur un paysage enchanteur varié. De magnifiques essais, des descentes épiques sous les éclairs en culotte pour éviter de tout tremper, et une désinstallation encore en plein brouillard.
C’est décidé on prend la direction des palmiers, du sable, et du soleil! Et triste nouvelle… On perd un membre de l’équipe : Pierre-Jean doit rentrer plus tôt que le reste de l’équipe pour des raisons professionnelles. Départ de Minéral pour le Yucatàn! On prévoit au moins 3/4 jours de trajet pour couvrir les 1500 km de routes Mexicaines qui nous attendent! Première nuit au milieu des cannes à sucre, étant bloqués par les producteurs qui organisent un blocage total des accès à Veracruz. Nous dormirons dans le jardin d’un producteur et ferons une petite initiation au matin avec les voisins, à qui nous laisserons une sangle. Quelques heures de route supplémentaires nous amènent sur la côte magique de Roca Partida, au nord de Catemaco (à 600 km de Mineral dans l’état de Veracruz). Paysage délirant, plages de sable désertes! On monte le camp à Playa Hermosa. La pluie nous a suivi, et c’est un véritable ouragan qui nous chassera des tentes en pleine nuit!!!
Le lendemain il fait beau!!! On valide rapidement une petite plage protégée par des micros falaises, idéale pour slacker! On tend une grande ligne traversante (80 au lieu des 60 imaginées…) au milieu des crabes et des iguanes. Très gros rappel à l’ordre avec les deux expansions qu’on vient d’installer qui se sont arrachées, propulsant le mouflage à XXX Km/h quelques dizaines de cm au-dessus de nos têtes… On finira par installer un shooter rodéo sur la plage (45m de long pour 8 de haut).
Enfin, le lendemain on arrive à poser une belle waterline de 60m à la Playa Escondida! On reprend la route en fin de journée pour aller voir un dernier spot qu’on nous a conseillé sur cette péninsule. Petit village typique juste avant Catemaco, au bord d’une lagune qui va se jeter plus loin dans l’océan. Après s’être fait chaleureusement inviter à dormir sur la terrasse d’un restaurant par une famille, on emprunte deux barques à des pêcheurs locaux pour partir à la recherche d’un spot de water. On rame pendant presque trois heures avant d’arriver au beau milieu du spot dont nous rêvions : une petite communauté vit reculée au bord de cette lagune, des enfants sautent déjà partout, au milieu des lianes et racines impressionnantes. Installation facile d’une petite slack de 20m et deux belles rodéos qui nous occuperont le reste de la journée ; Un bel échange avec les locaux et encore de belles révélations avec des enfants plus que doués!
Deux jours de route en plus avant d’arriver à Merida et quelques 900 km, qui traversent les états de Tabasco, et Campeche avant d’arriver à la capitale du Yucatan! Carlos, que l’on surnomme Mono (rencontré avec Pappas à Monterrey), nous accueille dans son humble appartement, plein centre-ville. Mais pourquoi être venus jusqu’ici? Les cenotés! Le sol du Yucatan est un gruyère géant avec d’inombrables galeries reliées aux nappes phréatiques, et gorgées d’eau d’une rare pureté. Après il y a une histoire de météorite géante, de fin des dinosaures, et de puits qui se sont formés. Uniques au monde!
Du coup, direction KanKirixché (1h30 au nord de Mérida) pour découvrir ces merveilles de la nature! Après une crevaison en pleine jungle, et une bonne mission pour la remplacer, nous y voilà! Un cratère anodin dans le sol, un escalier en bois exotique, un rayon de soleil qui rend cette eau bleu azur, des lianes, des stalactites, des formations sous-marines, des poissons. Ce lieu est féérique! Deux grosses colonnes et on tend 25 m. Magique water, au beau milieu de cette semi-grotte. L’eau est tellement claire qu’on a carrément l’impression de faire de la highline!
On remettra ça dans 4 autres cénotés dans les alentours de Mérida, avec de multiples rodéos, waterlines et midlines au niveau des ouvertures, uniquement installées en naturel (lunules, arbres, friends, coinceurs…).
Nos amis « Yucatecos » nous conseillent également la visite de la plus grande grotte de la région, un ancien site où sont venus se réfugier les Mayas lors de la « Conquista Espagnola ». On s’équipe comme il se doit : des vieux vêtements trouvés dans une friperie pour aller ramper 5h dans la boue des souterrains. Baptême de spéléo pour la majorité du groupe! La première grotte est déjà hallucinante : une ouverture d’une vingtaine de mètres illumine l’endroit, des stalactites et lianes tombent du plafond, le lieu est magique. Don Rogelio Cuy, une soixantaine d’années, le sourire aux lèvres et la tranquillité incarnée sera notre guide. La connaissance du site, l’histoire, les mythes et légendes se transmettent dans sa famille depuis des générations. On rampe, glisse, grimpe, se faufile dans cet univers mystique jusqu’à -180m. On découvre une succession de lieux sacrés, des salles de sacrifices aux lieux de bénédiction, ornés de formations géologiques magnifiques. Des restes de squelettes et de multiples morceaux de céramique témoignent de ce riche passé que nous conte Rogelio.
Le chef nous donne l’autorisation: on revient pour tenter de poser une ligne dans la première grotte tout en naturel! Des gros blocs nous serviront d’ancrages et nous tendons une ligne hors du commun : 65m de long, avec le premier et dernier tiers dans la pénombre, le milieu juste sous un puits circulaire (d’environ 20m de diamètre), avec 3m à passer entre des lianes qui tombent juste sur la ligne, deux passages à 1m de stalactites et suivant les heures, la visite de multiples abeilles ou chauves-souris… Le tout dans une agréable odeur d’excréments de chauve-souris! Ambiance inédite!
On passera la première journée avec Roberto et Marichu (des amis de Pappas et Mono) qui fera son baptême de highline. Rom flashera la ligne et Laurette, Chlo et Faleg mettront de magnifiques essais. Du pur plaisir malgré une chaleur étouffante. Le lendemain, Pappas nous rejoint avec d’autres amis slackeurs, et une équipe de tournage qui se joint à nous quelques jours pour réaliser un documentaire sur la slackline au Yucatan. Depuis le début du voyage, on attendait de trouver l’endroit qui nous faisait vibrer et qui sortait de l’ordinaire pour la dédier à Damien Mercier (co-fondateur de Slack.fr), et slacker en sa mémoire. Cette ligne était idéale : on la nommera « Dam’aya », pour rendre un hommage tant à Damien, qui nous a transmis sa passion pour la slack, qu’au peuple maya, derniers habitants de ces grottes. Au gré de batailles sans précédent, Chlo passera la ligne, nouveau record féminin Français au passage, Laurette chutera à 15m du bout et Faleg la décomposera. Encore merci à Don Rogelio Cuy pour nous avoir permis cette expérience très forte pour toute l’équipe, un beau voyage…
On part de Mérida avec toute l’équipe des Yucatecos qui passeront 3 derniers jours en notre compagnie. On fait un arrêt pour visiter les ruines de Chichen Itza (130 km à l’est), et les cenotés qu’on avait prévu de slacker dans les environs s’avèrent bien décevants: des installations de tyroliennes, des centaines de touristes, faux stalactites en béton, cascades artificielles. Bref, dans ces lieux sacrés, c’est la désillusion, nous ne sentons plus vraiment à notre place. Espérons que ceux visités avant ne finiront pas comme ça…
Alors on prend la décision de continuer notre route jusqu’à Tulum, 150 km jusqu’à la côte Caraïbes dans l’état de Quintana Roo. Après une nouvelle explosion d’un pneu, on trouve une communauté où poser notre campement pour quelques jours en échange d’une initiation à l’école de la communauté. Ils apprennent le recyclage, le compost, comment fonctionnent des toilettes sèches, comment et pourquoi vivre en adéquation avec la nature etc. C’est la première fois qu’on rencontre des gens au Mexique avec cette vision de la vie, et quel bol d’air! Nous sommes entourés de cenotés mais qui ne serviront qu’aux doux bains matinaux. Notre séjour dans les Caraïbes sera agrémenté de différentes lignes sur la plage dans des décors paradisiaques et de quelques heures de snorkelling au milieu des tortues dans le décor hallucinant des récifs coralliens! Un bel au revoir à cette fine équipe du Yucatàn qui repartira avec la moitié de nos 150m de Maverick Slack.fr!
Dernière escale à Bacalar 200 km plus au sud, où nous profiterons d’une jolie waterline au dessus de la lagune aux sept couleurs, avant de nous lancer dans le long trajet du retour: 1500 km jusqu’à Quérétaro. Notre camionette qui a déjà bien vécu pendant ces trois mois montre plusieurs signes de faiblesse. Après un problème de transmission, un problème avec le quatre/quatre, un dépannage sur l’autoroute, une tentative de vente et un jour complet de mécanique, on arrivera en quatre jours à destination avec notre Astrorito!
Comme notre camionette a une nouvelle santé, on part à la Pena de Bernal, 3ème monolithe au monde, à 60 km au nord-est de Quérétaro. Quelques blocs dans une ambiance « western » et deux jolies grandes voies, dont une sur le fil d’une arrête dans la face nord, ouverte en 1963, pas des moins dangereuses… Mais comme les possibilités de slack ici sont plus que limitées, on se décide à partir voir Las Islas Marietas près des côtes de Nayarit, une idée qu’on avait au début du voyage. On dépose nos affaires à Guadalajara, 350 km à l’ouest de Quérétaro, et on reprend la route jusqu’à Puerto Vallarta (Jalisco), 300 km de plus jusqu’à l’océan Pacifique. On passera une nuit sur la plage avant d’aller explorer ces îles, et ce sera l’ultime échec : il est interdit de monter sur l’île et de s’amarrer sur les rochers car c’est un Parc national protégé. On repartira comme on est venus, avec nos gros sacs mais des images plein la tête que la nature nous aura une fois de plus, fait cadeau.
Ainsi se termine notre périple : Pj a établi son nouveau record personnel (Chingonsisima 75m), ainsi que Chloë et Romain (Dam’Aya 65m), Romain a fait sa première expérience de swingline, nous aurons organisé 5 initiations, crevé deux pneus, pris trois gros échecs d’installation de lignes (El sotano de la Golondrinas, les waterlines à la Huasteca Potosina, et las Islas Marietas), offert 7 slacklines à des points stratégiques pour que l’activité se développe à différents endroits du Mexique, subi deux épisodes de vol (lunettes de Pj et plaquettes à El Diente), été contrôlé une vingtaine de fois par la police Mexicaine, fait plus de 7000 km, eu des milliers de piqûres de moustiques sur tout le corps, mangé plusieurs centaines de tacos, vu une dizaine de serpents mortels, sorti des centaines d’épines de cactus de notre peau, eu deux blessures importantes dans l’équipe, arraché une lunule et deux spits, ouvert 6 highlines, 3 midlines, 1 ligne gouffre, 11 waterlines, un pendule et fait des centaines de rencontres inoubliables avec des Mexicains toujours plus accueillants, généreux, ouverts, curieux, serviables et toujours avec le sourire…
Viva Mexico !!!!!!!!
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